L’angoisse surgit chez le sujet Borderline, l’air de rien. Une mer qui semble calme et pourtant au fond il y a un élément qui pulse à un rythme régulier, sourdement, sournoisement.
J’ai souvent lutté contre cette angoisse et je me souviens que l’angoisse venait souvent d’un trop plein, d’un manque de temps pour moi, d’une incapacité à prendre soin de ce qui est bon. Elle apparaît souvent sur ce terreau.
Le rythme s’accélère, la mer qui était comme un lac commence à dessiner un léger mouvement, et puis la pulsation dans les profondeurs se fait de plus en plus forte, jusqu’à ce que la mer s’agite avec intensité et qu’une vague sorte sans avoir crié garde. Cette vague puissante est dévastatrice pour l’entourage et également dévastatrice pour le sujet borderline avant tout, car elle peut avoir des conséquences irréversibles.
Si nous prenons le temps de sentir pendant la séance de thérapie, entre thérapeute et patient, il apparaît inéluctablement que l’angoisse du présent prend forme sur une angoisse très archaïque, très lointaine. Pendant cet échange délicat, au sens qu’il requiert d’être emprunt de délicatesse, apparait souvent dans une grande détresse, la petit fille, le petit garçon et parfois même le petit bébé que nous avons été.
Le scenario idéal, serait de pouvoir bercer ce petit bébé. Un baiser sur le frond, une chanson douce pour calmer, apaiser…et pourtant cela n’est pas ce qui se passe avec l’entourage. Physiquement l’apparence que nous avons
est bien celle d’un adulte, la vague est bien dévastatrice et l’entourage se sent alors menacé.
Face à la menace je me souviens de personnes autour de moi, souvent incapable de bercer, de cajoler. Alors l’angoisse comme une pieuvre géante surgit de cette mer, se déploie, et prend toute la place.
Mon expérience est qu’il est pour le sujet borderline urgent de ne pas attendre quoique ce soit de son environnement. De décrocher son téléphone avec le discernement qu’il est possible d’avoir et de demander de l’aide à son psychothérapeute. Trouver du réconfort est le premier acte à poser, il n’y a rien d’autre à faire. C’est aller vers ce besoin archaïque, abyssal de se sentir contenu et entendu. Et si certains psy sont prêts à prendre dans les bras dans ces moments d’angoisse profonde et sans fond, il est nécessaire de le faire. Je suis une psychothérapeute qui prend dans les bras, lorsque cela me semble vital pour l’humain que j’ai en face moi.
Chaleureusement,
Joanna