Comme il est difficile vous ne trouvez pas d’être dans une relation authentique? Le monde est dans un mouvement incessant, les tentations sont grandes et nous voilà rapidement embarqués dans un tourbillon où tout va vite, trop vite, pour avoir le temps de sentir. Je suis convaincue que pour faire l’expérience de la relation il faut du temps, afin d’intégrer, d’assimiler et de transformer les ressentis.
Pourtant, ce temps, devient une denrée très rare. J’entends par temps, ce qui me permet d’éprouver la durée depuis mon intérieur.
En regardant avec délectation « Pupille », un film splendide sur le thème de l’adoption, j’ai été particulièrement sensible au temps nécessaire à la construction d’un lien. Ce lien d’attachement que nous recherchons tous profondément, souvent de manière inconsciente et maladroite.
En observant ce qui m’entoure depuis plusieurs années sous le prisme de la Gestalt et en portant mon attention sur la relation à l’autre, je soutiens que la plupart d’entre nous désirons avec force une relation, des relations, vivantes et stimulantes sur le long terme. La relation d’amour, d’amitié, familiale et bien entendu psychothérapeutique demande du temps. Le temps est pour moi un élément essentiel dans la construction d’une relation où l’intimité peut se déployer. Je ne crois pas que nous puissions accéder à nos propres profondeurs et à celle de l’autre de manière brève.
Une de mes spécificités, en tant que Gestalt thérapeute, est la construction de la profondeur de la relation, dans un travail de petite fourmi. C’est cela qui me passionne et qui me permet de toucher le sens de l’existence. Et je prends mon temps ! Je me rends bien compte que grâce au temps, se crée entre deux êtres un dévoilement, des mouvements et de la créativité. Dans la relation il y a des moments de joie, de tristesse, des moments de plein, de vide, des déceptions, des peurs, de l’amusement, de l’ennui, du plaisir et du tourment. C’est dans la conscience et la constance de la relation, que nous pouvons expérimenter notre rapport à l’autre.
J’aime les temps de silences dans les séances de psychothérapie. Ces silences qui nous laissent le temps de sentir, de résonner, de se demander ce que nous sommes en train de faire et comment nous pouvons faire ensemble.
C’est en tout cas pour cela que j’œuvre, malgré les embûches. Je tiens, je reste là le cœur ouvert. Et si un mouvement ne marche pas alors j’en essaie un autre, avec l’autre, jusqu’à trouver un possible.