Le trouble de la personnalité borderline se caractérise par « un modèle envahissant d’instabilité des relations interpersonnelles, de l’image de soi, des affects et une impulsivité marquée débutant au début de l’âge adulte et présente dans une variété de contextes » (American Psychiatric Association, 2013). « La sensation de vide chez le patient borderline est situé dans l’abdomen, dans la poitrine, à ne pas confondre avec l’ennui, avec l’angoisse existentielle » (Psychopathologie en Gestalt Thérapie – page 718 paragraphe 5_3). Cette différenciation est un critère nécessaire pour le diagnostic de l’expérience chronique de vide chez le sujet borderline.
Dans “Girl Interrupted”, James Mangold met en scène les personnages de Susanna et Lisa interprétés respectivement par Winona Ryder et Angelina Jolie. Évidemment que le film ne figure pas dans mes mémorables souvenirs cinématographiques. Cependant, il est pour moi un support non-négligeable qui illustre les traits de personnalité borderline. Susanna est en proie à des passages à l’acte extrêmes : elle navigue entre tentatives de suicide, mouvements émotionnels intenses, crises et relations instables. Le film nous laisse entrevoir le personnage de Susanna qui fait allusion à des « efforts frénétiques pour éviter un abandon réel ou imaginaire » avec un ancien petit ami. Elle a présenté « des comportements, des gestes ou des menaces suicidaires récurrents » et au moins une tentative de suicide est décrite en détail. Son dossier d’admission fait également état de ces symptômes. Elle décrit une lutte contre l’ennui et le « vide », et ses écrits laissent entrevoir des expériences de paranoïa.
Je suis sensible au sentiment chronique de vide et de toutes les tentatives désespérées que Susanna met en place pour l’éviter, le combler, ne pas le sentir. Le vide envahit tout son être. C’est un sol qui disparaît sous ses pieds et laisse le cœur en suspension. Le chemin pour retrouver du fond n’est pas connu, c’est alors un chaos mortifère qui se met en place et dont il est difficile de se sortir.
C’est vide, c’est froid, c’est sombre, c’est effrayant, c’est irrespirable. Le vide ressenti qu’il soit réel ou imaginaire, n’est-ce pas l’absence de l’autre, d’un lien, d’un accordage qui ne c’est pas fait dans un temps beaucoup plus lointain ? Et si l’expérience de retrouver du sol sous ses pieds commençait dans un espace sécurisé, dans un face-à-face où la question du lien d’attachement est central et thérapeutique ? Je ne connais pas d’autres solutions que d’appeler son psychothérapeute, demander de l’aide, trouver l’espace pour un contrat thérapeutique et laisser au fur et à mesure la confiance s’installer comme un battement de cœur dans lequel l’espoir pourrait se déployer.
C’est long oui et il est possible d’apprendre à tolérer la détresse sans plus passer à l’acte.
Courage !