Depuis quelques jours je me questionne sur la tendresse, car elle est à mon sens une sensibilité dont nous parlons aisément et qui néanmoins n’est pas si facilement accessible. Comme souvent il y a un décalage entre l’idée que l’on se fait d’une chose et notre ressenti.
La tendresse est une forme d’affection, de considération bienveillante que je mets en place vis à vis d’une autre personne. La tendresse existe en dehors de toute forme de passion ou de désir, elle va au-delà de ces sentiments intenses et parfois abruptes, pour nous entraîner vers plus de profondeur. La tendresse va comme un mouvement fluide et doux. Elle exprime la douceur et la délicatesse d’un geste, d’une voix, d’un regard. En manifestant la tendresse, il me semble que d’une certaine manière je permets au respect de s’installer dans la relation, telle quelle soit.
La tendresse est indissociable de l’altérité, car elle prend forme, se déploie dans la relation à l’autre. Or, nous vivons dans une société marquée par l’individualisme et de la seule préoccupation de soi. Alors comment en étant préoccupé de sa seule personne pouvons nous laisser la place à la tendresse ? La tendresse serait-elle un chemin à suivre pour prendre le risque de l’altérité, c’est à dire de la relation authentique à l’Autre ? La tendresse est une des modalités d’entrer et de nourrir la relation à l’Autre.
Il reste que l’on ne donne à l’Autre que ce que l’on est. Par conséquent, manifester de la tendresse pour l’Autre implique avant toute chose que l’on soit capable de manifester pour soi-même cette même tendresse. Autrement dit, faire l’expérience de la tendresse envers soi-même est le premier pas de la tendresse envers l’Autre.
Je ressens donc la tendresse comme une posture bienveillante qui commence par soi et qui s’exprime pleinement dans le lien à l’Autre.