Je prends un temps pour vous parler de la Gestalt thérapie. Non pas pour vous définir en quoi elle consiste, je l’ai déjà abordé en partie dans mon article « Gestalt what is that ? », et plutôt pour vous évoquer la rencontre qui a changé considérablement ma vie, mon regard sur moi-meme, mon regard sur le monde. Un monde en perpétuel mouvement, où revenir à soi est prôné dans les magazines, livres, conférences ….Et pourtant demeure une tâche difficile, qui peut parfois même devenir tyrannique.
La Gestalt représente un des courants les plus importants de l’ensemble des approches thérapeutiques développées dans le monde ces cinquante dernières années. Elle est née du génial et brillant Friz Perls et est largement influencée par Freud, Reich, Jung…En passant par les philosophies orientales et occidentales. Pourquoi poser cela ? Car de mon point de vue, ces influences marquent son exigence. Elle fait l’objet de recherches approfondies et d’une bibliographie extrêmement riche. Elle est profondément humaniste et se concentre sur la relation. À l’heure des réseaux sociaux, des zappings d’informations, des mouvements sociaux intenses, pour moi elle fait donc de plus en plus sens et me rappelle ce que disait Krishnamurti « L’art de vivre, c’est la relation; sans relation il n’est pas de vie ».
La première fois que j’ai «rencontré» la Gestalt Thérapie, je me souviens m’être sentie enfin écoutée. Et je crois que d’être écouté est un des plus beaux cadeaux que l’on puisse donner et recevoir. Car c’est bien quand nous tendons l’oreille que nous pouvons prendre la mesure d’une situation.
La Gestalt thérapie offre la possibilité de se décaler du contenu des mots de l’histoire, du mental, pour s’attacher à ce qui a besoin d’être senti et vu à travers le mouvement du corps, de la vibration de la voix, de petits signes insignifiants qui pourtant expriment une grande part de ce que nous sommes et de notre histoire.
Je me suis sentie écoutée, pas simplement parce que je racontais mon histoire donc, cela était bien plus vaste. Je me sentais écoutée là où mon âme et mon corps en avaient besoin. Je n’ai pas eu besoin de me justifier, je n’ai pas eu besoin de faire beaucoup d’efforts pour percevoir combien je pouvais livrer ce que je suis intrinsèquement. Et franchement c’est déjà beaucoup.
Alors bien sûr, il y avait la Gestalt, ce que F.Perls et ses disciples nous ont transmis et il y avait la thérapeute en face de moi, solidement assise pour un échange en face à face. La thérapie est une rencontre humaine et aussi loin que je m’en souvienne, avant d’être rentrée dans ce cabinet, je n’avais jamais eu l’occasion d’un tel échange.
Je ne fais rien, je ne sais rien. L’expérimentation seule permet de savoir. Et cela prend du temps, il n’y a pas d’objectif mais des besoins, il n’y a pas de résultats mais des ajustements, il n’y a pas de changements miraculeux mais une souplesse interne qui s’installe et des perspectives nouvelles qui peuvent prendre place. C’est dans l’échange, dans l’altérité que nous pouvons faire l’expérience de nous-même, de l’autre.
J’ai entrepris un voyage à travers cet entretiens engageant. Je ne connais pas de transformations qui se fassent autrement qu’en embrassant un chemin. Un voyage qui a développé la conscience de moi-même, au contact et en relation avec cette autre personne, que j’ai appris à connaitre au fur et à mesure des années. La confiance a pu se déployer. Car que l’on se le dise pour partager le plus profond de soi, vraiment, il faut être en confiance et être en confiance prend du temps.
J’ai fait l’expérience d’être là, face à cet autre qui ne semblait pas avoir d’apriori concernant le “normal” ou le “pas normal”. J’ai senti que je n’avais pas besoin de me corriger, voir même d’être corrigée et plutôt de me découvrir, de me responsabiliser, de développer mes ressources et mon potentiel. J’ai senti que l’autre en face de moi, dans cette relation thérapeutique, était curieux de qui je suis, et cela m’a donné confiance. Enfin je quittait le monde du “Il faut” pour entrer dans le monde du “Comment c’est pour toi?”
Je ne peux pas dire que j’ai évité des embûches pendant ce processus thérapeutique. J’ai vécu des moments difficiles, des ruptures, des deuils, des doutes, des ras-le-bol….simplement la thérapie a été un catalyseur, j’affirme même qu’elle a certainement accéléré certaines situations qui de toute façon avec ou sans thérapie se seraient produites !
Ce fut un cadeau. J’ai appris à mettre de la spontanéité avant le contrôle.
Nous explorons dans la Gestalt comment une personne répond aux situations de sa vie, en mettant en perspective comment les situations du passé et du présent impactent le processus de vie dans le moment présent, toujours en relation avec son environnement. Nous sommes des êtres indissociables de ce qui nous entoure.
La Gestalt fut une expérience essentielle dans la prise de conscience qu’il y a des choses qui appartiennent à l’émotion et que l’émotion passe par le corps. Il est donc bien inutile de penser à l’émotion, de la mentaliser, il est plus constructif d’en faire l’expérience et de la ressentir avec certes, parfois, tout son inconfort, sa douleur et aussi sa joie !
C’est en faisant cette expérience que j’ai pu être d’avantage consciente de mes véritables besoins pour me comprendre, m’accepter et ainsi de ce point de vue, mieux comprendre les autres, ce qui a évidement amélioré mes relations.
Évidemment, il faut avoir envie de se confronter à ce qui est parfois douloureux, à ce que l’on a l’habitude d’éviter, à ce que l’on a l’habitude de rationaliser. C’est souvent quand les épreuves émergent que nous sommes prêts.
C’est pour moi cela la Gestalt.