Depuis longtemps je suis fascinée par la peau. Elle est véritablement la frontière entre «moi» et « l’environnement» et tout ce qui n’est pas «moi». Elle est notre protection du monde extérieur et représente notre mode de communication avec l’autre. Il se passe tant de choses à cette frontière.
L’essentiel d’être touché
« N’oublions pas que ce qui fait l’intelligence de l’homme c’est pour beaucoup celle de ses mains. » – Françoise Dolto.
Depuis longtemps je suis fascinée par la peau. Elle est véritablement la frontière entre «moi» et « l’environnement» et tout ce qui n’est pas «moi». Elle est notre protection du monde extérieur et représente notre mode de communication avec l’autre. Il se passe tant de choses à cette frontière.
Il est d’ailleurs intéressant de noter toutes les expressions liées à la peau qui font parties de notre langage courant pour exprimer un état : «être à fleur de peau», «avoir la peau courte», «être bien dans sa peau», «risquer sa peau», «l’avoir dans la peau», «se mettre dans la peau de quelqu’un», «tenir à sa peau»…Autant d’expressions de surfaces qui caractérisent pourtant les profondeurs de l’âme de notre fabuleuse peau.
La peau est l’organe le plus vaste de notre corps. Le sens du toucher par la peau est le premier à se développer dans le ventre de la maman. Comme elle est la surface de notre cerveau, les sensations que la peau transmet à celui-ci, orientent sa croissance de façon très directe. Un manque de stimulation sensorielle au cours des cinq premiers mois de la vie peut entraver le développement du système nerveux central de manière notable.
Vu sous cet angle, cela donne une perspective intéressante sur la question de comment je considère ma peau et de comment je la ressens.
Dans mon travail psycho-corporel, j’ai découvert que de nombreuses femmes ne sont pas en contact avec leur corps. Souvent elle n’ont pas été suffisamment soutenues durant l’enfance, elles ont pu être touchées de manière totalement dysfonctionnelle, le corps n’avait pas de place, c’était une perte de temps…Et bien d’autres raisons encore.
C’est pourquoi dans ma pratique, je prends le temps de souligner l’importance de la peau et du toucher. Je questionne sur comment elles prennent soin de leur peau.
Prennent-elles le temps de se mettre de la crème ou une huile chaque jour ? Comment le font-elles ? De manière automatique, en se «tartinant», en se jugeant ou en prenant le temps en pleine conscience de sentir leur peau ? En regardant leur corps ou en le cachant ? Quels sont les contacts qu’elles aiment ? Forts, légers, appuyés, sans relâche ? Aiment-elles le chaud, le froid ? Quelles sont les parties de leur corps où elles aiment être touchées, ou pas du tout ? Quels sont les endroits qui chatouillent ? Les endroits qui somatisent…? Il y a une multitude de questions qui permettent d’ouvrir à la conscience du corps.
C’est donc dans un accompagnement respectueux et bienveillant qu’il est possible de renouer avec le contact de sa peau. Le massage est une approche qui permet de rencontrer à travers la peau, le vécu.
Le toucher est une nourriture. Effectués avec lenteur et délicatesse, le toucher, le massage, le contact de la peau contre la peau, sont aussi cruciaux au développement que le lait maternel. Bien que le toucher ne soit pas en soi une émotion, ses éléments sensoriels induisent des changements d’ordre nerveux, qui l’apparentent à une émotion. Pour cette raison, le toucher n’est pas ressenti comme une simple modalité physique, une sensation, mais effectivement comme une émotion.
Quand nous disons que nous avons été touché, en particulier par un beau geste ou par un acte de sympathie, c’est l’état d’émotion que nous désirons décrire. Nous comprenons mieux alors dans ce contexte le vaste potentiel d’éveil de la conscience de soi par un travail corporel dans lequel la peau nous rappelle qu’il est essentiel d’être touché.
Et vous à quand remonte la dernière fois que vous avez été massé ou touché dans un contact tranquille, doux ?